En conversation avec Stéphane Durand
Au cœur de la Camargue, par une écriture d’une grande justesse sensible, Céline Curiol explore un lieu, mais aussi une idée de la nature et la place qu’on s’y fait, au risque d’être aussi invasive que la redoutée jussie des marais. Sans négliger les rencontres qui, malgré l’isolement volontaire, se tissent au sein de cette expérience immersive.
Céline Curiol présente Invasives comme une expérimentation, presque un défi, relevé à l’invitation de son éditeur, Stéphane Durand : plonger une écrivaine urbaine, Bellevilloise, dans une réserve naturelle durant six semaines courant sur les quatre saisons d’une année.
Au fil de rencontres avec tout un écosystème de plantes, d’animaux, de femmes et d’hommes, c’est le paradoxe de la protection de la nature que l’écrivaine explore : pour préserver les espèces patrimoniales, les humains doivent déployer des efforts démesurés bien loin de la spontanéité supposée du sauvage.
Forte de cette expérience, Céline, actuellement pensionnaire à la Villa Médicis, s’interroge depuis le terme de frange et à travers trois figures féminines, sur le hors-limite, l’invasif et le monstrueux.
Céline Curiol est romancière et essayiste. Elle est l’auteure d’une douzaine de livres, publiés principalement par Actes Sud, dont Invasives ou l’épreuve d’une réserve naturelle (2023), Prendre la tangente : lettres à un étudiant d’aujourd’hui (2022), Les Lois de l’ascension (2021), Les Vieux ne pleurent jamais (2016), Un Quinze août à Paris, histoire d’une dépression (2014). Plusieurs ont été traduits à l’étranger. Écrivaine par passion, ingénieure de formation, elle enseigne l’écriture créative dans plusieurs grandes écoles nationales.