Modération : Béatrice Delvaux
Pour Delphine Horvilleur, l’obsession identitaire qui maille les discours politiques ou religieux actuels est mortifère.
Le tournant inquiétant à se caractériser en tant que catégorie, ‘juif’, ‘gay’, ‘musulman’... est, nous dit-elle, appauvrissant et réduit notre identité à cette seule chose.
Même si nous naissons dans un contexte particulier, nous le transformons continuellement. Delphine Horvilleur défend l’idée que l’identité, notre façon d’être au monde, se recompose, est mouvante en permanence. Romain Gary ne s’y était pas trompé, du reste, en adoptant une identité autre, celle d’Émile Ajar, pour dépasser les contingences de sa renommée et ce à quoi elle le confinait. Prouvant qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre.
Delphine Horvilleur est rabbin de Judaïsme en Mouvement et dirige la rédaction de la revue Tenou’a. Elle a entamé des études de médecine à Jérusalem sans les terminer, puis étudie le journalisme à Paris avant de rejoindre les rédactions de France 2 et RCJ entre 2000 et 2008. Parallèlement, elle intègre un séminaire rabbinique à New York où elle est correspondante et devient rabbin du Mouvement juif libéral de France. Chez Grasset, elle est notamment l’auteure de En tenue d’Eve (2013), Comment les rabbins font des enfants (2015), Réflexions sur la question antisémite (2019), Vivre avec nos morts (2021) et Il n’y a pas de Ajar (2022).
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ENGLISH
Delphine Horvilleur, rabbi and writer
Is identity a dirty word?
To put an end to the obsession with identity
Extracts from “Il n'y a pas de Ajar” read by Stéphane Freiss
For Delphine Horvilleur, the obsessive focus on identity underlying political or religious discourse is mortifying. The worrying turn to characterise oneself as a category, 'Jew', 'gay', 'Muslim'... is, she tells us impoverishing and reduces our identity to this one thing.