À partir d’extraits de ses films, Sylvère Petit accompagné de Vinciane Despret proposera une expérimentation ludique : il s’agira d’imaginer les coulisses de la fabrication de certaines images et séquences qui seront projetées, en sachant d’entrée de jeu que les animaux, dans ces situations, ont donné du fil à retordre.
Ceci nous permettra d’évoquer une série de travaux (notamment d’historiens) qui se sont intéressés aux situations où les animaux sont entrés en désaccord avec les propositions que leur ont faites les humains. Au cinéma, comme dans les arts du spectacle, ces moments de conflits ou de divergences de motifs nous obligent – la contrainte étant rarement une réponse ajustée – à devenir plus inventifs et, parfois même, à ruser.
Ces échanges entre Sylvère Petit et Vinciane Despret questionnent aussi les fondations de nos imaginaires, de nos héritages et de nos inconscients, pour se percevoir autrement qu’en dehors de la ‘nature’, comme une espèce parmi tant d’autres, toutes interdépendantes, avec une histoire et un futur communs.
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Philosophe, Vinciane Despret a enseigné à l’Université de Liège et l’Université Libre de Bruxelles. Passionnée par l’éthologie, elle a publié des ouvrages interrogeant les pratiques de savoir avec les animaux, dont La danse du cratérope écaillé ; Quand le loup habitera avec l’agneau ; Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? et Habiter en oiseau. Elle a également mené ce type d’enquête chez les humains, notamment avec Ces émotions qui nous fabriquent ; Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent et avec Les morts à l’œuvre. Ses derniers ouvrages l’ont orientée vers la fiction avec Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation et, en collaboration avec Christine Aventin et le collectif d’architectes Bento, Demeurer en mycélium. Elle a été commissaire scientifique de l’exposition Bêtes et Hommes à Paris en 2007, et de celle tenue dans le Pavillon belge de la Biennale d’architecture à Venise en 2023. Elle a reçu le prix Moron de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 2021 et est membre de l’Académie Royale de Belgique depuis 2024.
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Convaincu depuis l’enfance que l’homme est un animal parmi les autres, Sylvère Petit a choisi le cinéma et la photographie comme moyens d’expression pour bousculer nos regards autocentrés. Il photographie nos cohabitants et réalise des films et des documentaires inter-espèces depuis 2009. Il a réalisé trois courts-métrages Les ventileuses (2009), Les assoiffés (2014) et L’appel du renard (2020) qui entrent en écho avec trois documentaires Entre miel et terre (2011), Biòu (2014) et Ani-Maux (2017). Vivant parmi les vivants (2023) est son premier long-métrage documentaire qui réunit à l’écran la chienne Alba, la jument de Przewalski Stipa et les philosophes Vinciane Despret et Baptiste Morizot. Le livre En attendant les vautours (Actes Sud, 2025) accompagne la sortie du film à travers un récit introspectif sur le cinéma dit «animalier». Depuis 2021, l’exposition photographique Les métamorphoses sillonne le territoire de l’Occitanie et depuis 2014 il coordonne des actions culturelles qui questionnent nos relations aux vivants à travers les images.
Il est actuellement en montage de son premier long-métrage de fiction, La Baleine (2026), avec Sergi Lòpez dans le rôle principal.